Il y a quelques années, j’ai lu une fiction terriblement mal écrite. Il était question d’un adolescent qui était harcelé à l’école de façon particulièrement ignoble. L’ado finissait par quitter l’école, puis rencontrait l’amour de sa vie. Et pouf ! Le traumatisme disparaissait comme par enchantement !
En tant que personne qui a été harcelée à l’école, j’ai été choquée. Le harcèlement scolaire est quelque chose qui peut laisser des séquelles profondes : manque de confiance en soi, tendances suicidaires, dépression, phobie sociale, incapacité à avoir une vie sociale, à se trouver un travail… On peut guérir, évidemment, mais ça prend du temps et il faut se faire aider. Présenter le harcèlement scolaire de façon aussi médiocre, c’est insulter les personnes qui ont été harcelées dans le monde réel.
Beaucoup d’auteurs donnent un passé tragique à leurs personnages pour le rendre plus intéressant : maltraitances diverses, abus sexuel, perte d’un parent, d’une sœur ou d’un frère, viol, inceste, exil… La liste des possibilités est longue. Le fait d’avoir un personnage au passé tragique n’est pas une chose mauvaise en soi : il y a d’excellents personnages qui trainent un lourd passé. Le problème, c’est quand les conséquences de ce passé sont complètement zappées.
Alors ? Est-ce qu’on a le droit d’introduire un personnage au passé tragique ? Pour moi, il y a deux bonnes options :
- Soit vous faites des recherches : lisez des témoignages, des livres de psychologie, allez sur des sites spécialisés et documentez -vous A FOND avant d’écrire. Si possible, faites relire votre texte par une personne concernée (mais ne vous vexez pas si elle refuse : elle n’a peut-être pas envie de rouvrir de vieilles blessures).
- Soit vous renoncez. Il existe de très bons personnages qui n’ont pas de passé tragique, après tout. Il existe d’autres façons de les rendre intéressants.
Bon weekend.