Je fête mes 40 ans cette année. Autrement dit, quand j’étais petite fille, il y avait six chaines de télé et pas d’internet. On vivait ça plutôt bien, d’ailleurs. Je lisais ces livres où l’héroïne finit toujours dans un modèle « classique » (blanc, hétéro, cis, valide, mère et mariée à un mec cis) et ça ne me faisait rien.
Après, à l’adolescence, je me suis posé des questions. Je n’étais pas certaine d’être hétéro et je me rendais compte que j’allais grandir dans un monde homophobe. Toutes les filles de mon âge avaient un copain ou disaient qu’elles en voulaient un à tout prix. J’avais l’impression d’être la seule fille à me poser des questions et c’était d’autant plus gênant que certaines ont essayé de me « caser » avec de bonnes intentions. Plus tard, j’ai su que parmi les ados qui se suicident, il y en a davantage qui sont homos ou transgenre.
Aujourd’hui, je vais bien. Seulement, avec le recul, je me dis que j’aurais mieux vécu cette partie de ma vie si j’avais lu des livres avec un peu de diversité. Je me serais sentie moins anormale et ça m’aurait donné des pistes pour aborder le sujet avec d’autres ados. D’ailleurs, les tomes 2 et 3 (à paraître) de La ville de l’étrange introduisent des personnages LGBT. Je ne peux pas m’empêcher d’espérer qu’une préado les lise un jour et pense : « je ne suis pas seule » ou « je suis une alliée ».
Bon weekend à tou.te.s et vive la diversité. J